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« IL NOUS A FALLU UN PEU DE TEMPS »

Comme nombre de coéquipiers, Cécile a rencontré le Petit vélo jaune en surfant sur la plate-forme du volontariat. Mère de trois enfants, son parcours de vie est singulier, des romanes à la création d'un magasin bio, de l'urbanisme à l'accompagnement périnatal, jusqu'au poste de conseillère communale écolo aujourd'hui. Un emploi du temps parfois surchargé qui ne l'empêche pas, depuis septembre, de dégager chaque semaine du temps pour Julie (nom d'emprunt).

J’avais un petit moment creux et cela faisait un petit temps que je voulais faire du volontariat. Ce n'était pas ma première expérience, par le passé je proposais des ateliers de massage pour les mamans dans une maison d’accueil pour mère et jeunes enfants. C’était sympa mais je voulais trouver un bénévolat qui me parle davantage, qui ait plus de sens sur la durée.

Et le Petit vélo jaune répondait à cette attente ? 

Oui, son approche m'a séduite. Se dire que des situations difficiles auraient pu être évitées si des jeunes parents avaient été mieux informés ou davantage soutenus dès avant la naissance... Mais aussi le fait de ne pas se disperser, de pouvoir se concentrer durant un an sur une seule famille, un seul parent. J'avais envie de ce contact privilégié, intime. Car forcement c'est l’occasion de créer un vrai lien. 

Un lien qui prend du temps, qui ne s'opère pas dès la première rencontre ?

On s’est rencontré chez Julie, avec la référente-duo. J’ai découvert une mère toute jeune, très intimidée, qui parlait peu, sans doute se sentait-elle un peu jugée. Il faut dire que je n’étais pas beaucoup plus à l’aise, comme lorsque l'on arrive chez quelqu'un avec le sentiment de ne pas vraiment avoir été invitée. Mais trois mois plus tard, cela va beaucoup mieux, mais il nous a fallu un peu de temps.

Quelle est la réalité de Julie ? 

Julie a un enfant de trois ans, elle est séparée du papa. De son fils aussi car il a été placé il y a deux ans déjà. Elle le voit une fois par semaine, dans un centre axé sur les liens familiaux, et un week-end sur deux, à la maison. Elle n'a pas fini l'école, n'a aucune formation, peu de revenu, et émerge au CPAS. 

Est-elle isolée ? 

Non, pas du tout, elle est même bien entourée, par sa famille, en particulier ses grands parents dont elle est très proche, mais aussi des jeunes de son âge. Elle est très active aussi, fait du bénévolat, voudrait se former, travailler. Tout ceci m'a perturbée au début, je ne percevais pas trop mon utilité. Mais au fur et à mesure, je me suis rendue compte de certains écueils, tels que le manque de confiance en soi ou la difficulté à prendre des contacts, à s'organiser pour aller de l'avant. C'est une jeune femme qui pose beaucoup de questions. Tout le temps ! Comment faire avec son fils quand il pleure lorsqu'elle le ramène au centre, que lui préparer à manger, comment va-t-il réagir si elle lui dit ceci ou cela, que dire à la psy ? Oui, il y a beaucoup d’inquiétude, elle est très soucieuse de savoir si ce qu'elle fait est bien ou non. Je pense qu'elle se sent souvent jugée aussi, que ce soit par les avocats, les juges, le personnel social, etc. 

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Julie te parle-t-elle facilement de ses inquiétudes ? 

Pour l’instant on est plutôt dans le factuel, pas réellement dans l'émotionnel, ou à petite dose. Elle me parle de ses craintes, de la problématique de la séparation. Elle me partage un peu ses angoisses, oui, mais je l'aide surtout à s'organiser, tel que ranger la paperasse administrative ou faire les démarches pour dénicher une formation. Mais je veille à ne pas être trop intrusive, à ne pas la forcer, de peur qu'elle s'en ressente dévalorisée parce que cela ne vient pas d'elle. 

Vous alternez les semaines juste à deux et avec son fils, ce sont sans doute des moments différents ?

Oui, quand son fils est présent, Julie est plus hésitante, sans doute de peur d'être étiquetée. Ayant moi-même des enfants, la difficulté est de ne pas chercher à imposer mes propres méthodes, mes propres valeurs, même si Julie est dans l'attente de conseils sur l'éducation de son fils. Je n'ai pas envie de lui imposer mon mode d'éducation personnel, d'adopter un profil paternaliste. Car si avec un bébé c'est facile - comment lui donner le bain, comment lui donner le sein, etc. -, avec un enfant de 3 ans, c'est beaucoup plus délicat. Comment lui parler, comment réagir à son comportement, comment jouer avec lui,... Au début j'étais surtout dans l'observation, ne voulant surtout pas lui imposer mon mode de fonctionnement. J'avance doucement. Je me pose beaucoup de questions sur la place qui est la mienne en tant qu'accompagnatrice. 

La référente-duo trouve alors sa raison d'être ?

Effectivement, la référente duo est très utile. En trois mois, elle m'a déjà appelé quelques fois, pour prendre des nouvelles, et cela me permet moi de faire le point, de lui parler de mon accompagnement, et de bénéficier de son regard plus expérimenté, de me rassurer aussi lorsque j'ai des hésitations. Je sais que je peux aussi compter sur l'équipe du Petit vélo jaune, les appeler si nécessaire, qu'il y aura de l'écoute, du répondant. Je me sens vraiment bien encadrée, pas du tout lâchée dans la nature. C'est rassurant.

L'accompagnement a débuté il y a trois mois. Un an, cela parait long ?

Bien sûr cela m'a un peu angoissé au début. Dans quoi donc ai-je mis le pied... ? Voir Julie une fois par semaine, pendant toute une année... allais-je tenir sur la durée... Et puis est-ce absolument nécessaire ? A présent, j'en comprends la pertinence. Oui, ce temps est essentiel pour connaitre les gens, pour comprendre l'histoire de la personne, pour acquérir la confiance mutuelle. Je ne suis pas une professionnelle de l'aide sociale, et c'est d'une vraie relation humaine dont on parle. Cette relation a besoin de temps pour évoluer, qu'elle ait du sens, que l'on puisse arriver à quelque chose de très positif. Pour toutes les deux. 

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