CLAUDINE, RÉFÉRENTE-DUO
Lorsque le Petit vélo jaune fut créé, en 2013, le poste de référent-duo n’existait pas. Les deux fondatrices se chargeaient de chapeauter les coéquipiers. Début 2016, débordées par le nombre croissant d’accompagnements, les coordinatrices décident de déléguer cette responsabilité et initie le rôle de référent-duo. Claudine Joye en sera la pionnière, elle qui connait parfaitement le secteur. Jusqu’il y a peu, elle œuvrait dans le domaine de l’aide à la jeunesse et plus spécifiquement dans un service de placement familial. Elle sait toute la pertinence du Petit vélo jaune : « Je suis persuadée que lorsque la décision est prise de placer un enfant en famille d’accueil, c’est souvent parce que l’on arrive trop tard. Si certains parents avaient reçu de l’aide plus tôt, s’ils avaient été accompagnés plus tôt dans leur vie de parents, par exemple depuis la grossesse, certains placements auraient peut-être pu être évités. »
Fin 2018, Claudine compte 6 accompagnements clôturés. « Ma mission est de pouvoir être disponible pour écouter et conseiller le coéquipier, et ce avec le recul nécessaire. Mais je ne dois pas non plus chercher à être trop présente, à m’imposer. Je suis là en soutien pour le coéquipier, mais je n’agis pas à sa place, un peu de la même manière que le coéquipier avec les parents. Il s’agit donc de sans cesse trouver le juste équilibre ». Bien entendu un coéquipier n’est pas l’autre. Certains sont eux-mêmes parents quand d’autres sont plus démunis en présence de nourrissons ou d’enfants en bas-âge. « Je me dois de communiquer davantage avec certains quand je peux en laisser d’autres plus en roue libre. Mais de façon générale, je les appelle assez fréquemment dans les premières semaines de l’accompagnement, lorsque les questions d’ordre pratique sont nombreuses. Des coéquipiers sont moins à l’aise lors des premiers contacts, sont plus timides, ou nécessitent que je “valide” la relation qui s’installe avec la famille. Une coéquipière confrontée à de longs moments de silence me demandait récemment comment réagir… Bien sûr, je prendrai aussi souvent des nouvelles d’un coéquipier qui accompagne une famille dont je sais la situation très lourde. »
Lors de la mise en place de l’accompagnement, référent-duo, coéquipier et parent(s) se rencontrent pour définir les besoins prioritaires de l’accompagnement. Une relation conflictuelle avec un enfant difficile, de multiples factures impayées introuvables, le besoin de « vider son sac » régulièrement avec un autre adulte, les réalités sont nombreuses. Le référent-duo ne reverra la famille, en présence du coéquipier, qu’après une première période de 3 mois, sauf en cas de demande précise. « Ce bilan de trois mois est essentiel. Il est le moment de clarifier certaines choses, de mesurer si les premiers objectifs de l’accompagnement ont été atteints et quels sont les écueils éventuels, et de réévaluer ces besoins et de définir de nouvelles priorités pour le reste de l’année. Je précise qu’avant toute réunion avec la famille je rencontre toujours le coéquipier seul, pour connaitre son ressenti sur l’accompagnement et sur la demande du parent. Je contacte également la famille pour connaitre son propre vécu dans la relation avec son coéquipier. »
Une troisième et dernière réunion référent-duo, parent(s) et coéquipier se fait à la clôture de l’accompagnement, après un an. Si le besoin s’en fait ressentir, une réunion préliminaire peut se tenir plus tôt, après 9 mois. « Pour ma part, j’apprécie un bilan à 9 mois car c’est l’occasion d’évoquer déjà la fin de l’accompagnement. Car oui, certains parents sont un peu paniqués de savoir que l’accompagnement va se terminer, de peur de se retrouver à nouveau seuls ou démunis. J’encourage par exemple toujours les bénévoles à laisser une trace une fois l’accompagnement terminé, que ce soit un dessin, un objet, une photo. Pour le parent, mais surtout pour les enfants. Une rupture trop brusque pour un enfant est habituellement plus difficile, surtout s’il a déjà vécu des ruptures de liens familiaux. »
Les référents-duo participent aussi à diverses réunions de coéquipiers, telles que les soirées “partage de vécus”. « Cela me permet de connaître d’autres réalités, d’autres situations, et de façon préventive à m’y préparer si je dois y être confrontée avec le binôme que je soutiens. »